Jean RIDOUX
Président-fondateur
de l'A.I.E.P.*
Fondateur du
C.N.E.D.*
Membre du Bureau
National du Mouvement de la Paix
Jean RIDOUX est né le 14 octobre 1923, son père était aveugle, grand
invalide de la guerre de 1914/18.
En 1940, il a 17 ans, alors qu'il est
apprenti électricien, il rencontre fortuitement Raymond Losserand, un ami de son père qu'il connaît depuis toujours,
qui est un cadre de la résistance naissante des FTP (1) à Paris (une rue du 14ème
Arrondissement de Paris porte aujourd'hui son nom) ! Jean adhère aux
''Jeunesses Patriotiques de France''. L'année suivante, en 1941, il a alors 18
ans, il en devient un des trois secrétaires pour l'Ile-de-France.
A la fin de la même année, il rencontre des
jeunes gens militants de la Ligue Française des Auberges de Jeunesse, dont le
leader est Marc Sangnier, chrétien progressiste. Jean est déjà engagé activement
dans la résistance aux envahisseurs allemands. Ces jeunes sont sympathiques et
animés de sentiments patriotiques pour la libération du pays. Jean réalise
également très vite qu'au sein des Auberges de Jeunesse, il pourra développer
plus discrètement une activité de résistance.
En 1942, Jean devient membre du Comité
Directeur de la Ligue des AJ et il en est élu secrétaire à la propagande. Sous
son autorité, les Auberges de Jeunesse développent un réseau d'aide aux jeunes
réfractaires au STO, (Service du Travail Obligatoire, sordide entreprise
allemande qui tenta de transformer de jeunes français en artisans de leur
propre esclavage), soit en les convainquant et en les aidant pratiquement à
rejoindre le maquis, soit en les aidant à gagner un peu de liberté en les
faisant passer en zone Sud, pas encore occupée par les troupes nazies.
Pour ce faire, Jean, aidé de celle qui
deviendra son épouse en 1944, fabrique de fausses cartes d'identité (qui
serviront également à de nombreux autres résistants), en utilisant de vrais
tampons officiels d'une petite mairie du Béarn, volés au cours de l'année 1940.
Jean est arrêté par la police française le
14 octobre 1943 ! Le jour de ses 20 ans ! (Un trésorier scrupuleux de
la résistance parisienne est tombé dans une rafle quelques jours auparavant, il
avait scrupuleusement rangé dans son portefeuille les reçus des loyers payés
pour des appartements qui servaient de planques aux frères Ridoux, Jean et
Bernard ! (1), qui seront ainsi arrêtés par la police française et incarcérés
à la prison de la Santé jusqu'en août 1944 !)
25 août1944, Paris se libère par lui-même,
les gardiens de la Santé ouvrent alors toutes grandes les portes de la prison
pour les détenus politiques. Jean est libre ! Mais la guerre n'est pas
terminée, il reprend contact avec ses camarades de réseau et constitue un
''Bataillon de la jeunesse'' dans le XVème arrondissement de Paris. Jean en est
le capitaine !
Sur ces entrefaites survient un personnage
emblématique de la Résistance Française. Le ''Colonel Fabien'', héros des
Brigades internationales pendant la guerre d'Espagne où il était lieutenant. Il
a exercé de hautes fonctions dans la résistance et il a été le premier à
exécuter, de sang froid, un officier nazi, au métro Barbès, en 1941 ! Il a
connu Jean Ridoux dans les premières années de la résistance, sait qu'il est un
jeune de confiance, intelligent et organisé, qui dès sa libération de prison a
formé un Bataillon de la Jeunesse pour continuer à combattre le régime nazi.
Lui-même, Fabien, est le commandant des ''Bataillons de la Jeunesse'', il vient
de former une colonne FFI/FTP, avec le grade de colonel, pour rejoindre l'armée
commandée par De Lattre de Tassigny et participer ainsi à chasser les
Allemands ! Il fait la demande express que Jean Ridoux rejoigne sa
colonne.
Jean Ridoux rejoint donc la colonne Fabien
avec le grade de capitaine. Il est membre de son Etat Major ainsi que son
porte-drapeau.
Mais aux environs de Noël 1944, Fabien meurt
tragiquement, tué par une mine allemande.
La ''Colonne Fabien'' est incorporée à
l'Armée de De Lattre de Tassigny avec le titre de 151ème Régiment
d'Infanterie (appelé le ''Quinze-un''). Mais devenu un régiment officiel de
l'Armée française, le 15â1 doit se soumettre à la loi française. Tous ses
membres doivent souscrire un engagement dans l'armée et les officiers et
sousofficiers demander leur intégration à l'Etat Major. Ce que fait Jean
Ridoux et se traduira au Journal Officiel de la République par trois décrets,
publiés le même jour et stipulant : 1) le soldat de 2ème classe
Jean Ridoux est nommé sous-lieutenant au 151ème Régiment
d'Infanterie, 2) le Sous-lieutenant J.R. est nommé lieutenant au 151ème
RI, 3) le lieutenant JR est nommé capitaine au 151ème RI !
Ainsi le 151 franchira le Rhin sur le front
et continuera la campagne pour défaire l'Allemagne nazie jusqu'à Sigmaringen,
qu'il est désigné pour occuper. Ainsi prendra fin un peu plus tard au cours de
1945 la campagne d'Allemagne de Jean Ridoux.
Jean, marié et père de deux enfants, est
dans un premier temps dispensé d'autres théâtres d'opérations de l'Armée
française, mais quand en 1948 il est prié de rejoindre une unité en Indochine,
il estime que ce conflit est une guerre coloniale. Il refuse donc cette
mutation et quitte l'Armée française. Le voici donc revenu à la vie civile avec
le grade de capitaine honoraire.
Après quatre années passées aux cours du
soir du ''Conservatoire National des Arts et Métiers'', voici donc Jean muni
d'un diplôme d'ingénieur électricien en bonne et due forme et qui va pouvoir
exercer sa profession après une dizaine d'année d'interruption.
Mais la vie n'est jamais simple et en 1954,
voici que le feu est mis à l'Algérie. 150 ans de colonialisme n'ont rien réglé
dans ce pays. Il y a 11 millions d'habitants dans ce qui est encore une
colonie, 1 million sont des colons qui ont tous les pouvoirs, alors que 10
millions qui sont des autochtones habitants ce pays depuis toujours, ne sont
que des serfs !
Cette guerre est une guerre coloniale, elle
est injuste ! Les Algériens doivent être aidés et soutenus, sinon par des
actions concrètes, du moins politiquement, car leur lutte est juste, c'est une
lutte de libération nationale.
La situation est difficile en France
Jean est membre du Mouvement de la Paix, il
anime le Comité de Paix du 13ème arrondissement de Paris, avec des
amis chrétiens et communistes. Ils y organisent la solidarité et la lutte
politique pour soutenir les Algériens vivant en France, victimes de graves
sévices et poursuites souvent en dehors de toutes légalité. Ils organisent des
campagnes pour contraindre le gouvernement à la négociation.
En 1965, alors que démarre la guerre
américaine au Viet Nam, Jean est devenu un militant politique et pacifiste
aguerri. Il participe avec son enthousiasme et son sens de l'organisation à la
solidarité active au peuple Vietnamien. Ses amis parisiens lui confient alors
le secrétariat du Mouvement de la Paix dans la Capitale, tâche qu'il remplira
pendant une dizaine d'années.
C'est là qu'il fondera en 1974, le CNED,
Comité Français d'Education au Désarmement, car les armes nucléaires ont pris
une telle place dans la planète qu'elles menacent la vie elle-même sur notre
vielle terre !
C'est dans ces années là que Jean deviendra
membre du Bureau National du Mouvement de La Paix.
Vers 1985 s'ouvre la période d'activités
internationales de Jean Ridoux. Il fonde le C.P.C.I.E.P. (Comité pour la
Préparation des Congrès Internationaux d'Education à la Paix).
Préscience ? Peut-être; en tous cas en 1986 est organisé à Copenhague le premier
congrès de ce qui deviendra plus tard l'AIEP (Association Internationale des
Educateurs à la Paix). Dans le même temps, à l'Unesco, à Paris émerge un
nouveau concept, celui de Culture de la Paix, qui, en 2000, sera consacrée par
l'ONU proclamant l'année 2000 Année internationale de la Culture de la Paix et
faisant des dix années suivantes la Décennie dédiée à sa promotion.
Cette ''Culture de la Paix'' deviendra en quelque sorte la raison de vivre de Jean . Il s'y consacrera corps
et âme, notamment lors de deux congrès à Paris, mais aussi en Europe (Saint
Jacques de Compostelle (Espagne/ Galice), Graz (Autriche), Lillehammer
(Autriche) et dans le reste du monde comme à Dakar au Sénégal ou à Acapulco au
Mexique . . .En tous ces lieux et en bien d'autres, il a voulu mettre l'AIEP au
service de la Culture de la Paix. Cette association aura bien grandi pendant
toutes ces années, jusqu'à ce que l'UNESCO, récompense méritée, admette en
2006, l'AIEP comme ONG en relation officielle (opérationnelle) avec l'organisation
internationale.
Jean Ridoux aura 85 ans ce 14 octobre 2008.
* AIEP :
Association Internationale des Educateurs à la Paix
* CNED :
Comité National d'Education au Désarmement
1) FTP :
Francs Tireurs et Partisans
2) Plus tard,
Bernard Ridoux sera médecin et Jean ingénieur électricien.
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